Thursday, June 18, 2015

CHANTER EN TOUT TEMPS NOUS ÉLÈVE !

Chanter en tout temps nous élève!
«Vinum et musica laetificant cor hominis
Le vin et la musique réjouissent le cœur»
«Je ne suis jamais tant moi-même que lorsque je chante.»

La musique et le chant sont une fête, depuis ma tendre enfance périgourdine je chante, lors de cette douce époque, 1946 j’avais dix ans. J’ai même gagné un concours amateur d’harmonica au niveau départemental. Je chante juste et j’ai chanté dans une chorale d’enfants de chœur, catégorie ténor en la commune  et l’église Saint-Pierre-ès-Liens de Montpon-Ménestérol département de la Dordogne en région Aquitaine. 

Puis, un peu de solfège, suivi de quelques cours de chants pour mettre la voix en place et une bonne initiation à la clarinette. Claude Luter le jazzman était en grande vogue, avec l’air «Les oignons» et Sidney Bechet avec le célèbre air «Petite fleur» un morceau de Saxophone Soprano (la «carotte » duquel Bechet tirait son émouvant vibrato (sa marque de fabrique). C’était l’époque marquante de mon enfance et de mon éducation religieuse et scolaire qui s’était installée comme une ombre dans ma conscience patriotique naissante. C’est dans ce pays de moulins et commerce, d’archéologie et de penseurs, cette terre d’ouverture d’esprit et de pacifisme; berceau du célèbre philosophe Michel Eyquem de Montaigne que j’ai gambadé parmi les ceps, les truffes et le foie gras.

René Guitton, professeur et l’étudiant clarinettiste Jean Claude Denogens.
À l’époque, grâce à la voix et aux chansons, je vivais dans une âme collective ignorée de moi. Devenu adulte, après mon conseil de révision et bon pour le service armé je suis dirigé vers la Brigade des Parachutistes Coloniaux après mes classes préparatoires et le Brevet de Paras à Mont de Marsan, et Pau, me voilà recruté clarinettiste dans la musique militaire des troupes Parachutiste de Bayonne (B.P.O.M.) dans les basses Pyrénées. Juste pour quelques mois avant de partir servir durant la guerre d’Algérie. J’avais fièrement participé au défilé du 14 juillet, c’est une grande émotion de descendre au pas de marche les Champs Élysées. Nous jouions   «Auprès de ma blonde» et «Debout les paras». sur la plus célèbre artère du monde. Je me souviens que dans la marche on nous appelait  «les tricoteuses» en quelque sorte nous étions les violons du défilé. Mon propre attachement à la chanson et à la musique comme forme d’expression – ces sonorités intimes – est toujours un attachement à la sincérité de l’émotion. Ma  sensibilité est le produit combiné de ma fréquentation assidue, dans mon enfance, de la bonne chanson fantaisiste, et aussi d’une morale exemplaire par mon éducation religieuse.

Quel bonheur, j’ai eu la chance de vivre une belle et bonne vie, c’était une sorte de douce France. Jacques Hélian le célèbre orchestre de variétés de l’après guerre était un fleuron pour la France. Tous ceux qui vécurent cette époque se souviennent. Pas une personne de cette génération qui ne connaisse son nom, l’évoque avec une pointe de nostalgie dans la voix. Pas une personne de cette génération qui ne puisse fredonner une des nombreuses chansons qu’ils ont créées, lui est son grand orchestre. Durant les années 1940-1950 chaque jour nous entendions :

«Ici Jacques Hélian et son orchestre»… 
suivait l’indicatif «Fleur de Paris».

Cette chanson allait devenir un immense succès, le symbole de la libération. Cette équipe géniale représentait la joie de vivre, après la libération, la bonne humeur, le besoin d’œuvrer ensemble pour le plus grand plaisir du public renaissant. Les paroles des chansons étaient simples, les airs entraînants et faciles à retenir, en un mot populaires. À l’époque cela suffisait à notre bonheur. Combien de fois n’ai-je pas surpris ma tendre mère fredonner «Douce France» et «La Mer» ou «Étoile des neiges». 
Nombre de chansons résonnent encore dans ma tête : 
«Ah! Le petit vin blanc»,  «C’est si bon», «Maître Pierre», «Où vas-tu Basile». Ma jeunesse fut bercée par Jo Bouillon le compositeur, chef d’orchestre et violoniste français, mari de Joséphine Baker

Joseph Bouillon et Joséphine Baker achetèrent ensemble le château des Milandes en Dordogne. Sa chanson inoubliable «J’ai deux amours» composée par Vincent Scotto. Je trouve que les chansons constituent des unités narratives comme dans l’ensemble d’un spectacle. Chaque auteur a un style, un vocabulaire, le texte doit se «tenir debout», ou comme dit le talentueux Gilles Vigneault le texte doit «tenir paroles».

Célèbre chorale bachique, «Les Cadets de Bourgogne» au Château Clos Vougeot France.

Durant les bons moments de ma jeunesse viti-vinicole, j’ai connu et fréquenté ces confréries bachiques de France qui sont des assemblées de professionnels et d’amateur de vin, ayant pour objet la promotion des vins en France et dans le monde entier. 

Par exemple, la charmante chorale bachique «Les Cadets de Bourgogne» «âme chantante du tastevin» au  Château du Clos Vougeot, ont tous plus ou moins des attaches avec la vigne et le vin, ce vin de Bourgogne qui fait trinquer le monde à la santé de la France. 

Les musiciens et les chanteurs ont toujours fait bon ménage avec Bacchus : Haendel, Mozart, Beethoven, Schumann, Brahms, Wagner, Chabrier, Poulenc, Rossini, Bach, et tant d’autres adoraient le vin et ne s’en cachaient pas. La musique sacrée, la musique spirituelle, et la musique religieuse, de tout temps les anciens lui vouaient un culte en la personne de Bacchus. Lors de la fête du raisin, dans les villages paisibles de la vigne française, à lieu chaque année le 22 janvier la messe et la fête de Saint-Vincent, patron des vignerons, en juin la fête de la vigne en fleur, et en septembre le banc des vendanges.


La chorale de la très belle église, Paroisse Saint-Charles 2111, rue Centre Montréal.

Pour moi-même 50 ans après au Québec, la chanson a toujours une portée sociale. Faisant partie des aînés, je pratique avec plaisir le chant dans une agréable chorale avec des gens charmants de la Paroisse Saint-Charles, aimant chanter chaque dimanche à 10h 30 à Montréal. L’église Saint-Charles Borromée digne d’une cathédrale, est une très belle église et les paroissiens, qui l’apprécient, la considèrent comme étant la troisième plus belle église du grand Montréal. 

Le chœur dans la belle église de la Paroisse Saint-Charles.

C’est dans cette Paroisse, que j’ai rencontré Éric Beaudoin, organiste titulaire, prix du Conservatoire de Montréal. Éric Beaudoin au Grand Orgue Casavant de  l’église Saint-Charles de  Montréal est un organiste de grand talent, l’orgue sonne magnifiquement et l’acoustique est bonne, nous bénéficions de ses conseils simples et pratiques par sa longue expérience. Dans notre chorale, nous sommes 14 amateurs 6 hommes et 8 femmes c’est un moment de plaisir et de détente.

Merci a notre  organiste titulaire qui dirige également avec classe la chorale de Pointe Saint-Charles. J’ai lu quelque part «Nous ne pouvons ignorer que la musique a toujours été considérée comme un langage universel qui rassemble les femmes et les hommes de toutes culture». Lorsque je chante, accompagné du grand orgue Casavant, je me sens parfois, rempli de l’Esprit Saint, oui ne riez pas, le chant est bon pour l’esprit, c’est bon pour le moral. Parfois on chante latin; émerveillé par l’air et les paroles, on est transporté, (Je risque de m’envoler) (rire). Bref, le chant élève, c’est finalement une cure de santé pour l’esprit. Pour moi rien n’est plus beau, plus envoûtant que lorsque je sens que je ne fausse pas. Dans notre répertoire il y a du sacré. Chaque dimanche avec les textes et les chants je me ressource. Il y a une élévation de l’âme dans la chanson et la musique. J’ai découvert dans ce charmant coin du Sud-Ouest montréalais, les plaisirs de chanter accompagné au grand orgue par un maitre organiste doué.