Georges Duboeuf,
le «pape» du Beaujolais
dans la cité du Sieur de Maisonneuve
à Montréal.
«Il y a des paysages qu’on aimerait serrer sur son cœur .
Le Beaujolais est de ceux-là».
(Léon
Foillard)
«Le Beaujolais, c’est l’éclat de rire de la table».
(Louis Orizet)
Le
Beaujolais, ça ne se décrit pas, ça se vit, ça se boit. Il suffit de prononcer
le mot «Beaujolais» pour qu’immédiatement les visages s’éclairent et
s’épanouissent, que les verres se tendent.
Magie
du vin aimable, tendre, souple. Vins enchanteurs, qui des confins de Mâcon aux
frontières Lyonnaises, entre Saône et
montagnes, c’est un ruban qui s’étale sur 15 kilomètre de large et 50 kilomètre
de long, racontant le terroir dans la douceur des brumes de la Saône. Edouard Herriot, pour sa part, avait
situé le Paradis terrestre dans les banlieues du Mont Brouilly.
Aujourd’hui,
la notoriété du beaujolais est en grande partie due au «Pape» du Beaujolais qui a fêté ses quatre-vingts ans et reste toujours fort gaillard.
«Le beaujolais
redevient donc à la mode. Grâce à qui? A Georges
Duboeuf qui, contre vents et marées, n’a jamais baissé pavillon».
Je
me souviens l’avoir admiré sur scène de son musée du Vin, à Romanèche-Thorins. Il recevait des
membres de l’«Ordre du Mérite Œnophile» et avait organisé un spectacle pour ces
œnophiles amoureux du Beaujolais venus du Québec. Du timide Georges
Duboeuf à la voix douce habituellement,
surprise, nous vîmes un simple vigneron duquel émanait un talent imprévu. Georges
Duboeuf a créé en 1993, à Romanèche Thorins un oenoparc appelé le «Hameau du vin».
J’ai revu avec plaisir ce grand personnage du vin
de France, à Montréal chez:
«Vins
Philippe Dandurand»
1304 avenue Greene, Westmont - Québec.
Non ce n’est pas un poisson d’avril!
C’est une dégustation des Beaujolais Duboeuf en présence
du «pape» des Beaujolais Georges Duboeuf à Montréal
le 1er avril 2015 chez «Vins Philippe Dandurand».
|
Né à
Crêches-sur-Saône sous le signe du Bélier et du Pouilly-Fuissé, Georges Duboeuf
a commencé sa carrière à vélo, il la poursuit, secondé par son fils Frank et
son épouse Rolande, sur les Boeings qui livrent son « Beaujolais-Nouveau » dans le monde. Il a su conquérir l’amitié du
puissant et érudit du vin Alexis Lichine,
de grands chefs comme Paul Blanc, Paul Bocuse, Jean Troisgros, et la confiance d’une foule de vignerons. La
Société des Alcools du Québec offre 23 vins signés Georges Duboeuf, dont la
célèbre bouteille pour le Québec en forme de quille «Quille de Brouilly» introuvable en France.
Mais
le terroir du Beaujolais, que je connais bien, car avec un parrain souriant et
enthousiaste tel que Gérard Canard enfant
d’une famille de vignerons de St-Etienne
des Ouillières je ne pouvais que devenir amoureux du Beaujolais. Gérard
Canard, qui était devenu directeur de l’Union Interprofessionnelle des vins du
Beaujolais, et aussi ambassadeurs universels, lors d’un beau chapitre qu’il
présidait au prestigieux caveau de LACENAS
ou je fus intronisé «Compagnon du
Beaujolais» j’ai eu la joie d’entendre des sincères compliments sur ce vin de
la convivialité.
Le beaujolais nouveau haranguait-il? «les beaujolais nouveau lorsqu’ils sentent
encore le fruit, peuvent être aussi, jovial, drôle, aimable, léger, tendre,
simplet, amusant, élégant, fluet, coulant, gouleyant, rond, ferme, câlin,
caressant, glissant et bien autrement encore, on n’a jamais fini d’en parler.»
La table et le Beaujolais |
Pour les simples beaujolais, plus
modestes à boire jeunes en générale on saucissonne avec le pain de campagne et
l’assiette de charcuteries et le fromage.
Avec
ces trois crus:
Le Côte de Brouilly, Terrine
de campagne, assiette de jambon persillé, fromages affinés.
Le
Morgon, Charcuteries, viandes rouges
et blanches en sauce, potée aux choux, bavette de bœuf à l’échalotte, fromages
affinés.
Le Moulin-à–Vent–Clef du Bief,
viandes rouges, gibiers, agneau, bœuf bourguignon, canard confit ou rôti,
fromages affinés.
Dans
la gamme des Beaujolais Georges Duboeuf, que j’ai dégusté, voici des crus qui
font de grandes bouteilles qui dans les bonnes années ont beaucoup de bouquet
et de finesse.
Côte-de-Brouilly
2012 - code SAQ 12318593 – prix 18.25 $ -100% Gamay noir à jus blanc.
A
l’œil : une robe brillante et pourpre
Au nez :
il s’ouvre sur un nez de fruits rouges et noirs, agrémenté de petites notes
épicées.
En bouche :
il est chaleureux, élégant, racé, il présente des tanins fins et une belle
finale.
Poste
avancé des collines beaujolaises. Les roches des coteaux emmagasinent la
chaleur du soleil le jour, pour la restituer aux ceps la nuit. Le «Mont»
Brouilly 485 mètres, avec les fameuses «pierre bleue» a été qualifié
de Sinaï, de Mont des Oliviers ou d’Olympe beaujolais… Entre Odenas, St Lager
et Quincié. Surmonté d’une chapelle Notre-Dame du Raisin élevée en 1855, Le
Mont offre un splendide panorama et nourrit le vin de la Côte-de-Brouilly.
Morgon 2011- code SAQ 12073952 - prix
19.25 $ - 100% Gamay noir à jus blanc.
A l’œil : grenat
profond.
Au nez :
marqué de notes poivrées, accompagnées de fruits à noyaux type cerise de prune.
En bouche : ce
Morgon révèle une belle puissance, il morgonne avec ce goût de fruit à noyau et
de beaux arômes fruités, autour d’une structure charnue aux tannins bien
enrobés.
Villié est
une commune dont une des «voisinées» donne son nom à l’un des crus les plus
prestigieux et plus typé du Beaujolais : «Morgon». Là se trouve une église à deux clochers, avec au pied une
réplique de la grotte de Lourdes. Une
Bernadette SOUBIROUS beaujolaise prie devant une Vierge en apparition
permanente. A deux pas, le plus inattendu des calvaires monte, sous la forme de
menhirs dressés parmi les ceps. Tout est en place depuis 1934 : les 13
stations monumentales d’un mini-Golgotha beaujolais, les trois croix de Jésus
et des deux larrons, et même un tombeau où gît un Christ polychrome grandeur
nature, en perpétuelle résurrection au milieu des vignes. Il nous
interpelle : «Je suis la vigne, la
Véritable, et mon père est Vigneron».
Moulin a Vent 2011-code SAQ 12454974 -
prix 25.50 $ - 100% Gamay noir à jus blanc.
A l’œil : couleur
intense, une robe entre un grenat sombre et un rubis profond.
Au nez :
il évoque la fleur et le fruit.
En bouche : une
note de cerise, un peu tannique et charnu, des saveurs mêlant de la finesse et une
harmonie avec une longueur remarquable.
Les crus Duboeuf, Côte de Brouilly, Morgon, Moulin-à-Vent. |
«Il y a trop de vin pour dire toutes les messes
mais pas assez pour faire tourner tous les moulins.
Il faut donc le boire…»
(Jean Guillermet)
Un
grand moulin à vent, mais sans ailes, atteste qu’il dut y avoir ici du froment.
Mais il n’y en a plus, rien que des vignes… Elles fournissent le plus
prestigieux des crus, le Moulin à Vent, et le plus rare.
Le «Moulin à Vent» est le cru le plus ancien
du Beaujolais, puisqu’il naquit au
tribunal de Mâcon en 1924. Le Moulin à Vent est un cru-symbole. Il draîne
autour Beaujolais une aura un peu provençale à cause du moulin de Daudet, et le tableau qu’en fit Utrillo n’est pas étranger à son
prestige. Dans ses parfums de fleurs et ses goûts de fruits rouges, il peut
vieillir comme les grands bourgognes.
Le
Beaujolais c’est douze appellations possédant chacune un caractère spécifique
lié aux différents terroirs, Il y a le Beaujolais et le Beaujolais Villages et
dix crus dont neuf crus que l’on qualifie les neuf Muses du Beaujolais. On peut
… s’amuser à les classer ainsi :
Brouilly
Histoire, Chenas Élégie, Chiroubles, Astronomie, Côte de Brouilly Éloquence, Fleurie Musique, Juliénas Tragédie, Morgon Comédie,
Moulin-à-vent Poésie lyrique, Saint-Amour Danse.
Les Muses du Beaujolais (archive de l’auteur)
|
On reconnaît, de gauche à droite :
Morgon, Côte de Brouilly, Chenas, Moulin-à-vent, Fleurie, Saint-Amour,
Chiroubles, Juliénas, Brouilly, et pourquoi pas intronisé Régnié le dixième crus et l’attribué au «pape» du Beaujolais Georges
Duboeuf, ce dévoué vicaire du Dieu Bacchus,
si généreux pour le monde œnophile.
Le «pape» Georges Duboeuf, dans les vignes du seigneur
une grappe de raisin Gamay noir à jus blanc dans les mains
|