« C‘est lorsque nous sommes éloignés de notre pays
que nous sentons surtout l’instinct qui nous y attache »
( François
René de Chateaubriand )
Yvon
Deschamps, l’humoriste Canadien de langue française de grand talent
disait : « On veut pas le savoir, on veut le voir ! » Oui, la vision est le sens le
plus utile pour comprendre le monde, mais surtout cette ancienne province, le
Périgord qui fait le charme de la France.
En
visionnant un reportage, nous avons l’impression d’y être. Or, nous savons que
les médias font du montage et choisissent bien ce qu’ils veulent montrer.
Le
Pays de Montaigne et Gurson , ce reposant beau coin de France est à une
soixantaine de kilomètres à l’est de Bordeaux et près de la cité médiévale de
Saint-Emilion, le pays de Montaigne et Gurson ouvre la porte du Périgord par
les deux grandes vallées de l’Isle et de la Dordogne. Vaste plateau de vignes,
il est profondément entaillé de
pittoresques vallons boisés. C’est ici, que mes racines ont pris naissance. Si
vous voulez vraiment connaître le Périgord, il faut absolument tenter ce retour
aux sources en cherchant à découvrir les hommes de cette terre. Oui, je viens
du tourisme rural, rien de superficiel, de surfait ou de clinquant, bref une
vie saine.
Mes qualités sont ici celles que la vie terrienne façonne depuis des
siècles dans la matière humaine. Oui, je suis issu d’un coin de la terre aux
attachants décors. Je vous invite à découvrir ce pays où les romains
implantèrent la vigne et construisirent de somptueuses villas, où la guerre de
Cent Ans prit fin, où Henri de Navarre et Louis XIII marquèrent leur passage,
où vécut aussi Michel de Montaigne. Dans le tumultueux siècle de la
Renaissance, de sa tour, le philosophe y rédigea les Essais. C’est dans ce
terroir parcouru maintes fois qu’il forgeait sa pensée. Par les petites routes
sinueuses et les chemin pittoresques venait admirer les coteaux de Montravel et
Bergerac qui bénéficient d’un climat équilibré.
C’est
ici, en la commune de Saint-Martin-de-Gurson,
que mes racines ont pris naissance. |
« PETRA malis, COR amicis, hostibus ENSIS :
haec tria si fueris, PETRACORENSIS ERIS ».
«
Une pierre pour les méchants,
un
cœur pour les amis une
épée pour les ennemis :
quand
tu auras été ces trois éléments,
tu seras un Périgourdin. »
Alexandre
Grimod de la Reynière ( 1758-1838 ), le père fondateur de la gastronomie dans
lequel se reconnaissent tous les gastronomes et chroniqueurs gastronomiques;
par la célèbre citation suivante définit très bien par exemple mon parcours de
Maître-Œnophile de l’ancien monde, la France, vers le nouveau, le Québec.
« Le vin est le meilleur ami de l’homme,
le compagnon de sa vie, le consolateur de ses chagrins, l’ornement de sa
prospérité; c’est le lait des vieillards, le baume des adultes, et le véhicule
des gourmands.» ( Grimod de la Reynière ).
Oui, le vin à toujours été mon meilleur
ami, il est le compagnon de ma vie, il est aussi parfois le consolateur de mes
chagrins, c’est également l’ornement de ma prospérité, c’est le lait de ma
vieillesse, ce fut le baume de ma vie adulte, et bien sur le véhicule de ma
gourmandise.
L’Ordre
du Mérite Œnophile, ainsi que ma carrière de journaliste de la presse
gastronomique dans les différents médias du Québec et de la France, voient
d’ailleurs les efforts justement récompensés par la diversité des prix et
élections culturelles. Cela est un grand et bon coup de chapeau du bon vieux
pays, la France, envers un de ses enfants.
Après
mes différents stages viti-vinicoles de Bergerac et d’ailleurs, dans le
cheminement de notre entreprise culturelle au sein du paysage Québécois, nous
avons dû avec mes deux compagnons, nous inspirer dans notre diffusion du mot oenophile, de la croissance et la
transformation des amateurs qui passèrent du mot avaler au mot boire, du
mot savoir-boire au mot déguster et savourer; en conclusion, ces amateurs s’élevèrent peu à peu vers le
mot plus sage pour ne pas dire plus distingué d’« œnophile ». Mais le Québec était déjà en inspiration avec le
mot « vinophile ». Déjà une
certaine classe de gens avaient importé leurs vins français par bateau.
Parti
du Québec plusieurs décennies après avoir avec acharnement, mis en place et
promu un certain art de boire durant plus de 40 années, ceci à l’aide de
conférences, leçons, chroniques et voyages
aux sources des vins de France, une reconnaissance inattendue s’est profilée à
l’horizon. Ce fut en septembre 2016, lors
d’un mémorable et beau voyage en compagnie de mon épouse, et de quelques amis
fidèles du Québec, que je me suis retrouvé au pays de Montaigne et Gurson; sur
mes terres d’origine où nous avons dignement été accueilli, ainsi que mon éloge
au sein de l’ALAP.
J’y ai personnellement ressenti un éternel amour des êtres
et des choses, particulièrement pour l’ensemble de mon œuvre, qui a rejailli
sur mes amis collaborateurs et ma famille sans oublier mes fidèles lecteurs. Non,
mon précieux stage œnologique des débuts au CIVRB et mon riche savoir sur l’œnophilie, ma volonté de lutter malgré
l’affaiblissement, pour la plus précise et charmante langue française, n’auront
pas été vaine. Lorsque j’observe la gamme des vins de cette région de France. Cette
belle science du savoir boire depuis le Bergeracois, celle de la Gironde, et
autres terroirs de France pour les avoir fait déguster au Québec, je constate avec
joie que j’avais vu juste en me basant sur la palette savoureuse de ces bons vins.
Au pays de la douceur de vivre et du bien-manger, j’avais dans mes bagages la
gamme des AOC représentatives du
style vins de France pour convaincre le nouveau monde francophone.
BLANCS : BERGERAC Sec ou tendre, MONTRAVEL
Sec ou demi-sec, ROSETTE Moelleux,
COTES DE BERGERAC Très Moelleux, BERGERAC-COTES DE SAUSSIGNAC Demi-liquoreux, MONBAZILLAC
Liquoreux. ROUGES : BERGERAC
Fin et chatoyant COTES DE BERGERAC
Charnu ayant du caractère, PÉCHARMANT
Corsé et capiteux. ROSÉ : ROSÉ DE BERGERAC Plaisant et fruité. En
somme, je voulais une palette inégalée
de saveurs, de senteurs et d’arômes pour que nos cousins du Québec soient
fiers de boire français. Quelques décennies plus tard, la célèbre (ALAP) « Académie des lettres et des arts du Périgord » s’est chargés de
sanctionner la réussite d’un enfant du pays dans un domaine qui est particulièrement
cher au Périgord, qui selon moi rayonne fièrement dans la France des lumières.
A vrai dire cette élection au sein de l’ALAP, j’en suis aussi fier que mes
insignes d’officier dans l’ordre du Mérite agricole.
« C’est un Pécharmant de belle couleur !
Au coup d’œil, il parle déjà,
Disant : le vin est un bonheur,
Une fleur à qui le boira » !
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Nous
sommes en septembre 2016 dans le
vignoble Bergeracois et dans l’Appellation Pécharmant. En Dordogne, Pécharmant
est un vignoble au nom séduisant.
Étymologiquement : « Pécharmant » vient du terme « Pech » ( « colline » )
et signifierait « la colline charmante ». L’AOC
Pécharmant est un vignoble qui s’étend sur près de 435 hectares, pour une production de 16 900 hectolitres, des portes de Bergerac jusqu’aux communes de
Creysse, Lembras et Saint-Sauveur. C’est le plus ancien vignoble de la région
de Bergerac, datant du XIe siècle. Ce «
Pech » « colline » abrite des coteaux qui bénéficient d’un très bon
ensoleillement et qui, par la
particularité de leur sol de sables et de graviers du Périgord, donnent à ce
vin exclusivement rouge un goût de terroir prononcé.
Il est dans les rouges le
plus réputé de la Dordogne et classé en AOC depuis 1936. L’élevage en
barriques, souvent pratiqué, apporte complexité et finesse. Amples et riches en
tanins, ce sont des vins qui peuvent être sévères dans leur jeunesse, mais qui
s’assouplissent en vieillissant. Merlot Noir, Cabernet Franc, Cabernet
Sauvignon et Côt Rouge ou Malbec, sont les cépages qui participent à
l’élaboration du grand seigneur des vins rouges du Périgord. C’est un grand vin
puissant, généreux et singulier, d’une grande intensité aromatique et un bon
potentiel de garde. Durant mon agréable et dernier séjour j’ai eu l’occasion de
l’apprécier avec le confit, le gibier et le fromage.
Parmi
les nombreux châteaux connus, j’ai eu le grand plaisir de rendre visite à Antoine de Corbiac propriétaire du
Châteaux de Corbiac en Pécharmant, l’incontournable grand vin de l’illustre
famille de Cyrano de Bergerac, inspire et impose le respect. www.corbiac.com
et www.maison-cyrano-de-bergerac.com.
Ce gentilhomme vigneron, me fut présenté par l’enthousiaste et très compétente Annie Delpérier, présidente de l’ALAP.
Je
me souviens, notre monopole de la « Société des Alcools du
Québec » (SAQ) a eu sur ses tablettes un Château Corbiac Pécharmant 2012 médaille d’or ( prix 25,70 $ ). Une
chose est certaine, le savoir-faire familial, qui remonte à 1587, s’exprime
merveilleusement dans l’élaboration de ce rouge ample et frais.
Entre
l’histoire et la légende, toute une mythologie fleurit aux enseignes des
boutiques bergeracoises : Cyrano, Roxane, Cadet… notre ami Jean Dalba a eu raison de souhaiter
l’érection de la silhouette de Cyrano dans cette ville d’où, s’il n’en était point
natif ni originaire, il a voulu être et où il a été adopté. Cette statue contemplant
« la verte douceur des soirs sur la Dordogne ». « Il n’est de Cyrano … que de Bergerac ».
Amis Périgourdins, nous tenons à notre héros, grand par le talent, l‘esprit,
son sens du panache, le courage et le cœur.
Nous voulons croire à notre rêve
afin que Cyrano soit vraiment… de Bergerac. La bonne ville de Bergerac lui a
élevé deux statues, bravo. C’est en 1977 que fut inaugurée Place de la Myrpe la
statue de notre héros
œuvre du sculpteur périgourdin Jean Varoqueaux. En 2000 la mairie de
Bergerac commanda une nouvelle statue au sculpteur Mauro Corda, laquelle fut réalisée en bronze puis peinte et
inaugurée Place Pélissière. Ce qui fait que les visiteurs ne peuvent pas rater
notre célèbre héros en visitant le Vieux Bergerac…
« Privilège d’un agréable vin d’honneur, 5 à 7 h sur la terrasse
de la charmante et reposante chartreuse de Pécharmant en
compagnie d’Annie Delpérier présidente de l’ALAP et son époux »
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Toutes
les fois que je parle et que j’écris sur l’agroalimentaire ou l’œnophilie de
France, mon âme est en fête. Nous avons vécu cette expérience avec mon épouse
Claire, en Périgord pourpre, le temps consacré au repas représente pour nous un
moment privilégié. Une vieille expression française n’assure-t-elle pas que « prendre un repas en commun, c’est partager
le pain de l’amitié ?» Nous avons partagé cette belle amitié lors d’un agréable
5 à 7 h, invité par M. et Madame Annie Delpérier en leur maison de maitre, la charmante
et reposante « Chartreuse de Pécharmant »
un lieu paradisiaque au climat béni des dieux.
Merci Annie pour ce moment
privilégié. Ces magnifiques chartreuses surtout dans le Bergeracois, manifestent
un art de vivre et elles reflètent une certaine condition sociale. Inoubliable
aussi, ce dimanche de septembre, ou dans la très belle « Église Notre-Dame à Bergerac » classée au Patrimoine de France et bonder
à craquer, nous fumes, mon épouse et moi,
salués par M. le Curé des lieux au titre
de Québécois en tourisme.
Comme quoi la foi nous habite tous et la pieuse fraternité
dépasse largement les
frontières. Tout y est noble, majestueux dans cette cathédrale et parle
éloquemment aux visiteurs. L’emblème de la foi chrétienne semble y être tout en
recueillement. Nous avons aimé avec mon épouse Claire cet air qu’on y respire, il a rendu à mon âme la
fraicheur de ma jeunesse périgourdine; et il a ranimé dans mon cœur, les
souvenirs les plus chers et les plus doux de ma vie.
Ma randonnée au Château de Monbazillac
Appellation
Monbazillac Controllée
Classé
Monument Historique du XVI ème siècle, le Château de Monbazillac présente une
architecture unique et originale. Aujourd’hui il est la propriété de la cave
coopérative de Monbazillac. www.chateau-monbazillac.com. Légèrement au sud de Bergerac, sur les
coteaux qui bordent la Dordogne on récolte le célèbre Monbazillac, un ambassadeur
mondialement connu, nous lui devons bien cela. Synonyme de réjouissance en
apéritif comme au dessert et de distinction, se mariant bien avec le melon et
accompagne merveilleusement le foie
gras. Grâce à lui, le Périgord est mondialement connu, d’ailleurs on l’appelle « La liqueur d’or du Périgord » sa
réputation n’est plus à faire quant à ses attraits touristique et historique.
C’est pour cette raison que, si nous donnons un grand coup de chapeau à ce
breuvage tant chéri, nous rendons également hommage à toute la région
viti-vinicole du Périgord Pourpre. Le plateau naturel sur lequel est
aujourd’hui implanté le célèbre château de Monbazillac offre un des plus beaux
et des plus vastes panoramas qui puissent être sur la vallée de la Dordogne et
le pays de Bergerac. Il est devenu un joyaux planétaire.
Le
vignoble de Monbazillac jouit d’un micro-climat particulier au début de
l’automne, la proximité de la Dordogne favorise l’alternance quotidienne de
brumes matinales et d’après-midi ensoleillées. L’humidité pendant cette période
encore chaude permet la formation microscopique champignon
Botrytis Cinerea qui provoque une réduction du volume à
l’intérieur du grain de raisin et modifie sa nature en augmentant sa teneur en
sucre.
Le Monbazillac
est un vin dit d’assemblage car il nécessite le mariage de trois cépages. Le sémillon
est cultivé en raison de son aptitude à développer la pourriture noble, de
ses arômes subtils de son ampleur en bouche. Le sauvignon apporte une touche de fraîcheur et de vigueur. La muscadelle donne des vins très ronds
et très parfumés. C’est après 12 mois minimum que le vin est mis en
bouteille,
ce trésor liquoreux du Périgord atteint sa maturité au bout de 3 ans et se conserve
longtemps ( parfois jusqu’à un siècle dans de bonnes conditions de stockage ).
En bon œnophile, il doit être servi frais mais surtout pas frappé. La
température idéale se situe entre 6 et 8 degré, alors il dévoile tous ses
charmes avec les foies gras d’oie ou de canard. Délicieux sur le melon, les
viandes blanches, les poissons en sauce et les fromages à pâte persillée.
« Le Château de Monbazillac et dans sa cave
sa précieuse liqueur d’or du Périgord »
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Monbazillac (poème)
Élégant et superbe en sa robe de pierre
Au sommet du coteau, prince des alentours
Majestueux et fier en ses nobles atours,
Le Château n’a connu ni combat, ni rapière.
Épargné dans le temps par tous les lance-pierre
L’équilibre et la grâce enveloppent les tours
Et le chemin de ronde en de simples contours
Rêve ou réalité charme notre paupière.
Girouette des toits, fenêtre à meneau
Du début renaissance, il en porte le sceau
Mais au-delà de l’art, de sa magnificence
Il abrite en caveau le secret d’un grand vin
Que tout homme de goût apprécie et encense
Et du Monbazillac, il reste le levain.
René GROSSOLEIL
Lors
de mes nombreux pèlerinages de Maitre-Œnophile au Château de MONBAZILLAC, j’ai eu
le grand honneur de rencontrer feu M. René GROSSOLEIL, ce fils de viticulteurs
de Rouffignac-de-Sigoulès. Amoureux du
vin et des belles lettres. Président en 1975 de la Cave coopérative de Monbazillac, et 1980 Grand Maitre du Consulat
de la Vinée de Bergerac.
Nos
sincères remerciements vont à :
Mme Marie-Pierre TAMAGNON, du contact
Presse IVBD
et
le magnifique livre cadeau « Les Vins de Bergerac » de Michel Delpon. Préface
de Gérard Depardieu ( Éditions Féret ).
M.
Christophe GRAVIER Directeur du Comité départemental du tourisme de la Dordogne.