Thursday, May 7, 2020

CYRANO DE BERGERAC. TIRADE DES NEZ. EDMOND ROSTAND


Cyrano de Bergerac
La Tirade des Nez

Ah ! Non ! c’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… Oh !… bien des choses, en sommes…
En variant le ton, - par exemple, tenez :
Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais un tel nez,
Il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse! »
Amical : « Mais il doit tremper dans votre tasse !
Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! »
Descriptif : « C’est un roc ! c’est un pic ! c’est un cap !
Que dis-je ! c’est un cap ?... C’est une péninsule ! »
Curieux : « De quoi sert cette oblongue capsule ?
D’écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? »
Gracieux : « Aimez-vous à ce point les oiseaux
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? »
Truculent : « Çà, monsieur, lorsque vous pétunez,
La vapeur du tabac vous sort-elle du nez
Sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? »
Prévenant : « Gardez-vous, votre tête entraînée
Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! »
Tendre : « Faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »
Pédant : « L’animal seul, monsieur, qu’Aristophane
Appelle Hippocampelephantocamélos
Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d’os ! »
Cavalier : « Quoi, l’ami, ce croc est à la mode ?
Pour pendre son chapeau, c’est vraiment très commode ! »
Emphatique : « Aucun vent ne peut, nez magistral,
T’enrhumer tout entier, excepté le mistral ! »
Dramatique : « C’est la mer Rouge quand il saigne ! »
Admiratif : « Pour un parfumeur, quelle enseigne ! »
Lyrique :   « Est-ce une conque, êtes-vous un triton ? »
Naïf :  «  Ce monument, quant le visite-t-on ? »
Respectueux : « Souffrez, monsieur, qu’on vous salue,
C’est là ce qui s’appelle avoir pignon sur rue ! »
Campagnard : « Hé, ardé ! C’est-y un nez ? Nanain !
C’est queuqu’navet géant ou ben queuqu’melon nain ! »

Militaire : «  Pointez contre cavalerie ! »
Pratique : « Voulez-vous le mettre en loterie ?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »
Enfin, parodiant Pyrame en un sanglot :
« Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traitre ! »
Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit,
Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit :
Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot
Eussiez-vous eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
Me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n’en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d’une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve.
                                                (Acte premier, scène IV.)
                                                 Edmond ROSTANT

Énorme mon nez !
Vil camus, sot canard, tête plate,
Apprenez que je m’enorgueillis d’un pareil appendice.
                                                Edmond ROSTAND.

Mon nez, fit le poète en cachant une larme,
Si grotesque à Paris, en Dordogne a du charme
C’est pour sentir la truffe et le Monbazillac.
Lucien BOYER ( «Paysages de France» )

QUAND ON RIT DE MON NEZ,
JE NE FACHE PAS.
JE TIENS QUE LES GRANDS NEZ
NE SONT PAS SANS APPAS,
ET JAMAIS UN GRAND NEZ
N’ENLAIDIT UN VISAGE.
(Payot de Linières)



UN GRAND NEZ
EST LE SIGNE D’UN HOMME SPIRITUEL,
COURTOIS,
AFFABLE,
GÉNÉREUX.
LIBÉRAL,
ET LE PETIT
EST UN SIGNE DU CONTRAIRE
S. DE CYRANO DE BERGERAC


CYRANO… D’ICI,  CYRANO…  DE LA

Mais, avez-vous lu Cyrano ? C’était un bien beau génie.
Mais Cyrano était-il ou non de Bergerac…
Sinon par la naissance du moins par ses origines ?
Toute une mythologie fleurit aux enseignes des boutiques bergeracoises; Cyrano, Roxane, Cadet… et notre ami Jean Dalba a raison de souhaiter l’érection de la silhouette de Cyrano dans cette ville d’où, s’il n’en était point natif ni originaire, il a voulu être et où il a été adopté. Cette statue contemplant « la verte douceur des soirs sur la Dordogne ».

IL N’EST DE CYRANO… QUE DE BERGERAC
                                          Jean-Elie DUMARCHAT

La pièce est difficile à jouer: elle fait intervenir une cinquantaine de personnages, elle est longue, le rôle-titre est particulièrement imposant (plus de 1600 vers en alexandrins ), les décors sont très différents d’un acte à l’autre et elle comporte une scène de bataille.

Le succès en était si peu assuré qu’Edmond Rostand lui-même, redoutant un échec, se confondit en excuse auprès de l’acteur Coquelin, le jour de la générale. La pièce est pourtant un triomphe, et Rostand, reçu la Légion d’honneur quelques jours plus tard, le 1er janvier 1898.

Le  succès de la pièce ne s’est jamais démenti, en France ( où elle est la pièce la plus jouée ) comme a l’étranger. Le personnage de Cyrano est devenu, dans la littérature française, un archétype humain. Deux statues du personnage ont été érigées sur des places de Bergerac, en Dordogne, bien qu’il n’éxiste aucun lien    entre cette ville et le veritable Cyrano.


Edmond Rostand à l'Académie Française

Il est alors le pus jeune académicien. Il repousse sans cesse le jour de sa réception, qui n’aura lieu finalement que le 4 juin 1903.
Emond Rostand, lui-même développe le thème du « Panache », lors de son discours d’entrée à l’Académie Française.

« Le panache n’est pas la grandeur mais quelque chose qui s’ajoute à la grandeur, et qui bouge au dessus d’elle. C’est quelque chose de voltigeant, d’excessif et d’un peu frisé, le panache c’est l’esprit de bravoure. Plaisanter en face du danger c’est la suprême politesse, un délicat refus de prendre au tragique; le panache est alors la pudeur de l’héroïsme, comme un sourire par lequel on s’excuse d’être sublime. »

BERGERAC
CITÉ DE CYRANO

CAPITALE DU TABAC
ET DES GRANDS VINS DU PÉRIGORD

À CYRANO DE BERGERAC

Ah ! la verte douceur des soirs sur la Dordogne !
Vous l’évoquez exquisément ô Cyrano
De Bergerac, avec cet accent de Gascogne
Dont vous et vos cadets font retentir l’écho.

Mousquetaire charmeur, « pif » et flamberge au vent,
Plein d’audace et l’esprit crépitant d’étincelles,
Bergerac reconnaît en vous son fils vaillant,
Que Rostand couronna de rimes immortelles.

Cher bretteur sans vergogne, ardent pêcheur de lune,
Dont le coeur généreux pour Roxane battit,
Et qui mourut un soir, sans la fortune
De cueillir tendrement cet amour inouï.

Cité de Bergerac, garde dans ta mémoire
Les vers prestigieux, truculents et dorés
Du lyrique vibrant qui te laura de gloire,
Et te promut au rang des beaux lieux inspirés.
                                    Georgette REYNIER.


MONTBAZILLAC, ce nectar dont tout verre enfante un
Cyrano de Bergerac ( Armant Got ).

Avec le charme d’un tel nez, l’ami Cyrano de Bergerac
pouvait sentir la Truffe, le Monbazillac et aussi le Pécharmant.

Hommage au truculent personage d’Edmond Rostand, cette cuvée élevée en barrique pendant un an libère des parfums complexes et puissants ( fruits confits, notes boisées ) au nez. En bouche, Cyrano livre une botte secrète: une attaque tout en fraîcheur qui crée la surprise, relayée ensuite par matière ronde, suave et bien structurée. Un vin de caractère, assurément.

 
Portrait de Savinien

Cadet de Corbiac


Statue de Cyrano à Bergerac


Conclusion:
Mars 1619: naissance à Paris, rue des Deux-Portes, actuellement rue Dussoubs, de Savinien II de Cyrano de Bergerac, mentionnée sur les registres de baptême de la paroisse Saint-Sauveur.

Toute une mythologie fleurit aux enseignes des boutiques bergeracoises; Cyrano, Roxane, Cadet… et même dans l’appellation des bons rouges de Pécharmant, il existe au Château de Corbiac, la cuvée Cyrano de Bergerac à l’étiquette si caractéristique. (voir ci-dessus l’étiquette)

Le billet de SAVINIEN

On en a tellement parlé
Que je scrute en vain la planète
Pour découvrir, dans ma lunette,
Si dans un parc ou quelque allée
S’élève, enfin, cette statue.
Que l’on dit  devoir à ma gloire.
Mes « petits cousins » se sont tus !

Pourtant, de mon perchoir lunaire
Je vois le nom de Cyrano
Luisant sur un Hôtel, des brides à sabots,
Un cinéma, une entreprise mobilière,
Pépinière, fabrique d’odeurs…
Et je me dis que mon prestige,
Si ce monument, on l’érige.
Mérite bien ces droits d’auteur !