Chanter en tout temps nous élève!
«Vinum
et musica laetificant cor hominis
Le
vin et la musique réjouissent le cœur»
«Je ne suis jamais tant moi-même que lorsque je chante.»
La musique et le chant sont une fête, depuis
ma tendre enfance périgourdine je chante, lors de cette douce époque, 1946
j’avais dix ans. J’ai même gagné un concours amateur d’harmonica au niveau
départemental. Je chante juste et j’ai chanté dans une chorale d’enfants de chœur,
catégorie ténor en la commune et l’église
Saint-Pierre-ès-Liens de Montpon-Ménestérol département de la Dordogne en
région Aquitaine.
Puis, un peu de solfège, suivi de quelques cours de chants
pour mettre la voix en place et une bonne initiation à la clarinette. Claude Luter le jazzman était en grande
vogue, avec l’air «Les oignons» et
Sidney Bechet avec le célèbre air «Petite fleur» un morceau de Saxophone Soprano (la «carotte » duquel
Bechet tirait son émouvant vibrato (sa marque de fabrique). C’était l’époque
marquante de mon enfance et de mon éducation religieuse et scolaire qui s’était
installée comme une ombre dans ma conscience patriotique naissante. C’est dans
ce pays de moulins et commerce, d’archéologie et de penseurs, cette terre
d’ouverture d’esprit et de pacifisme; berceau du célèbre philosophe Michel Eyquem de Montaigne que j’ai
gambadé parmi les ceps, les truffes et le foie gras.
René Guitton, professeur et l’étudiant clarinettiste Jean Claude Denogens. |
À l’époque, grâce à la voix et aux
chansons, je vivais dans une âme collective ignorée de moi. Devenu adulte, après
mon conseil de révision et bon pour le service armé je suis dirigé vers la
Brigade des Parachutistes Coloniaux après mes classes préparatoires et le
Brevet de Paras à Mont de Marsan, et Pau, me voilà recruté clarinettiste dans
la musique militaire des troupes Parachutiste de Bayonne (B.P.O.M.) dans les
basses Pyrénées. Juste pour quelques mois avant de partir servir durant la
guerre d’Algérie. J’avais fièrement participé au défilé du 14 juillet, c’est
une grande émotion de descendre au pas de marche les Champs Élysées. Nous
jouions «Auprès de ma blonde» et «Debout
les paras». sur la plus célèbre artère du monde. Je me souviens que dans
la marche on nous appelait «les
tricoteuses» en quelque sorte nous étions les violons du défilé. Mon propre
attachement à la chanson et à la musique comme forme d’expression – ces
sonorités intimes – est toujours un attachement à la sincérité de l’émotion. Ma sensibilité est le produit combiné de ma
fréquentation assidue, dans mon enfance, de la bonne chanson fantaisiste, et
aussi d’une morale exemplaire par mon éducation religieuse.
Quel bonheur, j’ai eu la chance de
vivre une belle et bonne vie, c’était une sorte de douce France. Jacques Hélian le célèbre orchestre de
variétés de l’après guerre était un fleuron pour la France. Tous ceux qui
vécurent cette époque se souviennent. Pas une personne de cette génération qui
ne connaisse son nom, l’évoque avec une pointe de nostalgie dans la voix. Pas
une personne de cette génération qui ne puisse fredonner une des nombreuses
chansons qu’ils ont créées, lui est son grand orchestre. Durant les années
1940-1950 chaque jour nous entendions :
«Ici Jacques Hélian et son orchestre»…
suivait l’indicatif «Fleur de Paris».
Cette chanson allait devenir un immense
succès, le symbole de la libération. Cette équipe géniale représentait la joie
de vivre, après la libération, la bonne humeur, le besoin d’œuvrer ensemble
pour le plus grand plaisir du public renaissant. Les paroles des chansons
étaient simples, les airs entraînants et faciles à retenir, en un mot populaires. À l’époque cela suffisait à notre bonheur. Combien de fois n’ai-je pas surpris
ma tendre mère fredonner «Douce France» et «La Mer» ou «Étoile des neiges».
Nombre de
chansons résonnent encore dans ma tête :
«Ah! Le petit vin blanc», «C’est si bon», «Maître Pierre», «Où vas-tu Basile». Ma jeunesse fut bercée par Jo Bouillon
le compositeur, chef d’orchestre et violoniste français, mari de Joséphine
Baker.
Joseph Bouillon et Joséphine Baker achetèrent ensemble le château
des Milandes en Dordogne. Sa chanson inoubliable «J’ai deux amours» composée par Vincent Scotto. Je trouve que les
chansons constituent des unités narratives comme dans l’ensemble d’un spectacle.
Chaque auteur a un style, un vocabulaire, le texte doit se «tenir debout», ou
comme dit le talentueux Gilles Vigneault
le texte doit «tenir paroles».
Célèbre chorale bachique, «Les Cadets de Bourgogne» au Château Clos Vougeot France. |
Durant
les bons moments de ma jeunesse viti-vinicole, j’ai connu et fréquenté ces
confréries bachiques de France qui sont des assemblées de professionnels et
d’amateur de vin, ayant pour objet la promotion des vins en France et dans le monde
entier.
Par exemple, la charmante chorale bachique «Les Cadets de Bourgogne» «âme chantante du tastevin» au
Château du Clos Vougeot, ont tous plus ou moins des attaches avec la
vigne et le vin, ce vin de Bourgogne qui fait trinquer le monde à la santé de
la France.
Les musiciens et les chanteurs ont toujours fait bon ménage avec
Bacchus : Haendel, Mozart, Beethoven, Schumann, Brahms, Wagner, Chabrier,
Poulenc, Rossini, Bach, et tant d’autres adoraient le vin et ne s’en cachaient
pas. La musique sacrée, la musique spirituelle, et la musique religieuse, de
tout temps les anciens lui vouaient un culte en la personne de Bacchus. Lors de
la fête du raisin, dans les villages paisibles de la vigne française, à lieu
chaque année le 22 janvier la messe et la fête de Saint-Vincent, patron des
vignerons, en juin la fête de la vigne en fleur, et en septembre le banc des
vendanges.
La chorale de la très belle église, Paroisse Saint-Charles 2111, rue Centre Montréal. |
Pour
moi-même 50 ans après au Québec, la chanson a toujours une portée sociale.
Faisant partie des aînés, je pratique avec plaisir le chant dans une agréable
chorale avec des gens charmants de la Paroisse Saint-Charles, aimant chanter chaque
dimanche à 10h 30 à Montréal. L’église Saint-Charles Borromée digne d’une
cathédrale, est une très belle église et les paroissiens, qui l’apprécient, la
considèrent comme étant la troisième plus belle église du grand Montréal.
C’est
dans cette Paroisse, que j’ai rencontré
Éric Beaudoin, organiste titulaire, prix du Conservatoire de Montréal. Éric
Beaudoin au Grand Orgue Casavant de
l’église Saint-Charles de
Montréal est un organiste de grand talent, l’orgue sonne magnifiquement
et l’acoustique est bonne, nous bénéficions de ses conseils simples et
pratiques par sa longue expérience. Dans notre chorale, nous sommes 14 amateurs
6 hommes et 8 femmes c’est un moment de plaisir et de détente.
Merci
a notre organiste titulaire qui dirige également
avec classe la chorale de Pointe Saint-Charles. J’ai lu quelque part «Nous ne pouvons ignorer que la musique a
toujours été considérée comme un langage universel qui rassemble les femmes et
les hommes de toutes culture». Lorsque je chante, accompagné du grand
orgue Casavant, je me sens parfois, rempli de l’Esprit Saint, oui ne riez pas,
le chant est bon pour l’esprit, c’est bon pour le moral. Parfois on chante
latin; émerveillé par l’air et les paroles, on est transporté, (Je risque de
m’envoler) (rire). Bref, le chant élève, c’est finalement une cure de santé
pour l’esprit. Pour moi rien n’est plus beau, plus envoûtant que lorsque je
sens que je ne fausse pas. Dans notre répertoire il y a du sacré. Chaque
dimanche avec les textes et les chants je me ressource. Il y a une élévation de
l’âme dans la chanson et la musique. J’ai découvert dans ce charmant coin du
Sud-Ouest montréalais, les plaisirs de chanter accompagné au grand orgue par un
maitre organiste doué.
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