Tuesday, May 23, 2017

PAYS DE MONTAIGNE ET GURSON BERCEAU DE MA JEUNESSE - 4ème Partie

« C‘est lorsque nous sommes éloignés de notre pays
que nous sentons surtout l’instinct qui nous y attache »
( François René de Chateaubriand )

Yvon Deschamps, l’humoriste Canadien de langue française de grand talent disait :  « On veut pas le savoir, on veut le voir ! » Oui, la vision est le sens le plus utile pour comprendre le monde, mais surtout cette ancienne province, le Périgord qui fait le charme de la France.
En visionnant un reportage, nous avons l’impression d’y être. Or, nous savons que les médias font du montage et choisissent bien ce qu’ils veulent montrer.

Le Pays de Montaigne et Gurson , ce reposant beau coin de France est à une soixantaine de kilomètres à l’est de Bordeaux et près de la cité médiévale de Saint-Emilion, le pays de Montaigne et Gurson ouvre la porte du Périgord par les deux grandes vallées de l’Isle et de la Dordogne. Vaste plateau de vignes, il est  profondément entaillé de pittoresques vallons boisés. C’est ici, que mes racines ont pris naissance. Si vous voulez vraiment connaître le Périgord, il faut absolument tenter ce retour aux sources en cherchant à découvrir les hommes de cette terre. Oui, je viens du tourisme rural, rien de superficiel, de surfait ou de clinquant, bref une vie saine. 

Mes qualités sont ici celles que la vie terrienne façonne depuis des siècles dans la matière humaine. Oui, je suis issu d’un coin de la terre aux attachants décors. Je vous invite à découvrir ce pays où les romains implantèrent la vigne et construisirent de somptueuses villas, où la guerre de Cent Ans prit fin, où Henri de Navarre et Louis XIII marquèrent leur passage, où vécut aussi Michel de Montaigne. Dans le tumultueux siècle de la Renaissance, de sa tour, le philosophe y rédigea les Essais. C’est dans ce terroir parcouru maintes fois qu’il forgeait sa pensée. Par les petites routes sinueuses et les chemin pittoresques venait admirer les coteaux de Montravel et Bergerac qui bénéficient d’un climat équilibré.



C’est ici, en la commune de Saint-Martin-de-Gurson,
que mes racines ont pris naissance. 


                « PETRA malis, COR amicis, hostibus ENSIS :
haec tria si fueris, PETRACORENSIS ERIS ».
« Une pierre pour les méchants,
un cœur pour les amis une épée pour les ennemis :
  quand tu auras été ces trois éléments, 
tu seras un Périgourdin. »

Alexandre Grimod de la Reynière ( 1758-1838 ), le père fondateur de la gastronomie dans lequel se reconnaissent tous les gastronomes et chroniqueurs gastronomiques; par la célèbre citation suivante définit très bien par exemple mon parcours de Maître-Œnophile de l’ancien monde, la France, vers le nouveau, le Québec.

« Le vin est le meilleur ami de l’homme, le compagnon de sa vie, le consolateur de ses chagrins, l’ornement de sa prospérité; c’est le lait des vieillards, le baume des adultes, et le véhicule des gourmands.» ( Grimod de la Reynière ).
Oui, le vin à toujours été mon meilleur ami, il est le compagnon de ma vie, il est aussi parfois le consolateur de mes chagrins, c’est également l’ornement de ma prospérité, c’est le lait de ma vieillesse, ce fut le baume de ma vie adulte, et bien sur le véhicule de ma gourmandise.

L’Ordre du Mérite Œnophile, ainsi que ma carrière de journaliste de la presse gastronomique dans les différents médias du Québec et de la France, voient d’ailleurs les efforts justement récompensés par la diversité des prix et élections culturelles. Cela est un grand et bon coup de chapeau du bon vieux pays, la France, envers un de ses enfants.

Après mes différents stages viti-vinicoles de Bergerac et d’ailleurs, dans le cheminement de notre entreprise culturelle au sein du paysage Québécois, nous avons dû avec mes deux compagnons, nous inspirer dans notre diffusion du mot oenophile, de la croissance et la transformation des amateurs qui passèrent du mot avaler au mot boire, du mot savoir-boire au mot déguster et savourer; en conclusion, ces amateurs s’élevèrent peu à peu vers le mot plus sage pour ne pas dire plus distingué d’« œnophile ». Mais le Québec était déjà en inspiration avec le mot  « vinophile ». Déjà une certaine classe de gens avaient importé leurs vins français par bateau.

Parti du Québec plusieurs décennies après avoir avec acharnement, mis en place et promu un certain art de boire durant plus de 40 années, ceci à l’aide de conférences, leçons, chroniques et voyages aux sources des vins de France, une reconnaissance inattendue s’est profilée à l’horizon. Ce fut en septembre 2016,  lors d’un mémorable et beau voyage en compagnie de mon épouse, et de quelques amis fidèles du Québec, que je me suis retrouvé au pays de Montaigne et Gurson; sur mes terres d’origine où nous avons dignement été accueilli, ainsi que mon éloge au sein de l’ALAP. 

J’y ai personnellement ressenti un éternel amour des êtres et des choses, particulièrement pour l’ensemble de mon œuvre, qui a rejailli sur mes amis collaborateurs et ma famille sans oublier mes fidèles lecteurs. Non, mon précieux stage œnologique des débuts au CIVRB et mon riche savoir sur l’œnophilie, ma volonté de lutter malgré l’affaiblissement, pour la plus précise et charmante langue française, n’auront pas été vaine. Lorsque j’observe la gamme des vins de cette région de France. Cette belle science du savoir boire depuis le Bergeracois, celle de la Gironde, et autres terroirs de France pour les avoir fait déguster au Québec, je constate avec joie que j’avais vu juste en me basant sur la palette savoureuse de ces bons vins. Au pays de la douceur de vivre et du bien-manger, j’avais dans mes bagages la gamme des AOC représentatives du style vins de France pour convaincre le nouveau monde francophone. 

BLANCS : BERGERAC Sec ou tendre, MONTRAVEL Sec ou demi-sec, ROSETTE  Moelleux, COTES DE BERGERAC Très Moelleux, BERGERAC-COTES DE SAUSSIGNAC Demi-liquoreux, MONBAZILLAC Liquoreux. ROUGES : BERGERAC Fin et chatoyant COTES DE BERGERAC Charnu ayant du caractère, PÉCHARMANT Corsé et capiteux. ROSÉ : ROSÉ DE BERGERAC Plaisant et fruité. En somme, je voulais une palette inégalée  de saveurs, de senteurs et d’arômes pour que nos cousins du Québec soient fiers de boire français. Quelques décennies plus tard, la célèbre (ALAP) « Académie des lettres et des arts du Périgord » s’est chargés de sanctionner la réussite d’un enfant du pays dans un domaine qui est particulièrement cher au Périgord, qui selon moi rayonne fièrement dans la France des lumières. A vrai dire cette élection au sein de l’ALAP, j’en suis aussi fier que mes insignes d’officier dans l’ordre du Mérite agricole.

« C’est un Pécharmant de belle couleur !
Au coup d’œil, il parle déjà,
Disant : le vin est un bonheur,
Une fleur à qui le boira » !


Nous sommes en septembre 2016 dans le vignoble Bergeracois et dans l’Appellation Pécharmant. En Dordogne, Pécharmant est un vignoble au nom séduisant. Étymologiquement : « Pécharmant » vient du terme « Pech » ( « colline » ) et signifierait « la colline charmante ». L’AOC Pécharmant est un vignoble qui s’étend sur près de 435 hectares, pour une production de 16 900 hectolitres, des portes de Bergerac jusqu’aux communes de Creysse, Lembras et Saint-Sauveur. C’est le plus ancien vignoble de la région de Bergerac, datant du XIe siècle. Ce  « Pech » « colline » abrite des coteaux qui bénéficient d’un très bon ensoleillement  et qui, par la particularité de leur sol de sables et de graviers du Périgord, donnent à ce vin exclusivement rouge un goût de terroir prononcé. 

Il est dans les rouges le plus réputé de la Dordogne et classé en AOC depuis 1936. L’élevage en barriques, souvent pratiqué, apporte complexité et finesse. Amples et riches en tanins, ce sont des vins qui peuvent être sévères dans leur jeunesse, mais qui s’assouplissent en vieillissant. Merlot Noir, Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon et Côt Rouge ou Malbec, sont les cépages qui participent à l’élaboration du grand seigneur des vins rouges du Périgord. C’est un grand vin puissant, généreux et singulier, d’une grande intensité aromatique et un bon potentiel de garde. Durant mon agréable et dernier séjour j’ai eu l’occasion de l’apprécier avec le confit, le gibier et le fromage. 

Information : Musée vignoble Pécharmant courriel : 
port-de-creysse@wanadoo.fr

Parmi les nombreux châteaux connus, j’ai eu le grand plaisir de rendre visite à Antoine de Corbiac propriétaire du Châteaux de Corbiac en Pécharmant, l’incontournable grand vin de l’illustre famille de Cyrano de Bergerac, inspire et impose le respect. www.corbiac.com et www.maison-cyrano-de-bergerac.com. Ce gentilhomme vigneron, me fut présenté par l’enthousiaste et très compétente Annie Delpérier, présidente de l’ALAP. 

Je me souviens, notre monopole de la « Société des Alcools  du  Québec » (SAQ) a eu sur ses tablettes un Château Corbiac Pécharmant 2012 médaille d’or ( prix 25,70 $ ). Une chose est certaine, le savoir-faire familial, qui remonte à 1587, s’exprime merveilleusement dans l’élaboration de ce rouge ample et frais.

CYRANO…D’ICI,  CYRANO…DE LA
« Quand on rit de mon nez,
Je ne me fache pas.
Je tiens que les grands nez.
Ne sont pas sans appas,
Et jamais un grand nez.
N’enlaidit un visage. »
(François Payot de Linière
Ami de  Cyrano de Bergerac)

Entre l’histoire et la légende, toute une mythologie fleurit aux enseignes des boutiques bergeracoises : Cyrano, Roxane, Cadet… notre ami Jean Dalba a eu raison de souhaiter l’érection de la silhouette de Cyrano dans cette ville d’où, s’il n’en était point natif ni originaire, il a voulu être et où il a été adopté. Cette statue contemplant « la verte douceur des soirs sur la Dordogne ». « Il n’est de Cyrano … que de Bergerac ». Amis Périgourdins, nous tenons à notre héros, grand par le talent, l‘esprit, son sens du panache, le courage et le cœur. 

Nous voulons croire à notre rêve afin que Cyrano soit vraiment… de Bergerac. La bonne ville de Bergerac lui a élevé deux statues, bravo. C’est en 1977 que fut inaugurée Place de la Myrpe la statue de notre héros œuvre du sculpteur périgourdin Jean Varoqueaux. En 2000 la mairie de Bergerac commanda une nouvelle statue au sculpteur Mauro Corda, laquelle fut réalisée en bronze puis peinte et inaugurée Place Pélissière. Ce qui fait que les visiteurs ne peuvent pas rater notre célèbre héros en visitant le Vieux Bergerac…

« Privilège d’un agréable vin d’honneur, 5 à 7 h sur la terrasse
 de la charmante et reposante chartreuse de Pécharmant en 
compagnie  d’Annie  Delpérier présidente de l’ALAP et son époux »

Toutes les fois que je parle et que j’écris sur l’agroalimentaire ou l’œnophilie de France, mon âme est en fête. Nous avons vécu cette expérience avec mon épouse Claire, en Périgord pourpre, le temps consacré au repas représente pour nous un moment privilégié. Une vieille expression française n’assure-t-elle pas que « prendre un repas en commun, c’est partager le pain de l’amitié ?» Nous avons partagé cette belle amitié lors d’un agréable 5 à 7 h, invité par M. et Madame Annie Delpérier en leur maison de maitre, la charmante et reposante « Chartreuse de Pécharmant » un lieu paradisiaque au climat béni des dieux. 

Merci Annie pour ce moment privilégié. Ces magnifiques chartreuses surtout dans le Bergeracois, manifestent un art de vivre et elles reflètent une certaine condition sociale. Inoubliable aussi, ce dimanche de septembre, ou dans la très belle « Église Notre-Dame à Bergerac » classée au Patrimoine de France et bonder  à craquer, nous fumes, mon épouse et moi, salués par M. le Curé  des lieux au titre de Québécois en tourisme. 

 Comme quoi la foi nous habite tous et la pieuse fraternité dépasse largement les frontières. Tout y est noble, majestueux dans cette cathédrale et parle éloquemment aux visiteurs. L’emblème de la foi chrétienne semble y être tout en recueillement. Nous avons aimé avec mon épouse Claire cet  air qu’on y respire, il a rendu à mon âme la fraicheur de ma jeunesse périgourdine; et il a ranimé dans mon cœur, les souvenirs les plus chers et les plus doux de ma vie.

Ma randonnée au Château de Monbazillac
Appellation Monbazillac Controllée

Classé Monument Historique du XVI ème siècle, le Château de Monbazillac présente une architecture unique et originale. Aujourd’hui il est la propriété de la cave coopérative de Monbazillac. www.chateau-monbazillac.com. Légèrement au sud de Bergerac, sur les coteaux qui bordent la Dordogne on récolte le célèbre Monbazillac, un ambassadeur mondialement connu, nous lui devons bien cela. Synonyme de réjouissance en apéritif comme au dessert et de distinction, se mariant bien avec le melon et accompagne merveilleusement  le foie gras. Grâce à lui, le Périgord est mondialement connu, d’ailleurs on l’appelle « La liqueur d’or du Périgord » sa réputation n’est plus à faire quant à ses attraits touristique et historique. 

C’est pour cette raison que, si nous donnons un grand coup de chapeau à ce breuvage tant chéri, nous rendons également hommage à toute la région viti-vinicole du Périgord Pourpre. Le plateau naturel sur lequel est aujourd’hui implanté le célèbre château de Monbazillac offre un des plus beaux et des plus vastes panoramas qui puissent être sur la vallée de la Dordogne et le pays de Bergerac. Il est devenu un joyaux planétaire.

Le vignoble de Monbazillac jouit d’un micro-climat particulier au début de l’automne, la proximité de la Dordogne favorise l’alternance quotidienne de brumes matinales et d’après-midi ensoleillées. L’humidité pendant cette période encore chaude permet la formation microscopique champignon Botrytis Cinerea  qui provoque une réduction du volume à l’intérieur du grain de raisin et modifie sa nature en augmentant sa teneur en sucre. 

Le Monbazillac est un vin dit d’assemblage car il nécessite le mariage de trois cépages. Le sémillon est cultivé en raison de son aptitude à développer la pourriture noble, de ses arômes subtils de son ampleur en bouche. Le sauvignon apporte une touche de fraîcheur et de vigueur. La muscadelle donne des vins très ronds et très parfumés. C’est après 12 mois minimum que le vin est mis en
bouteille, ce trésor liquoreux du Périgord atteint sa maturité au bout de 3 ans et se conserve longtemps ( parfois jusqu’à un siècle dans de bonnes conditions de stockage ). En bon œnophile, il doit être servi frais mais surtout pas frappé. La température idéale se situe entre 6 et 8 degré, alors il dévoile tous ses charmes avec les foies gras d’oie ou de canard. Délicieux sur le melon, les viandes blanches, les poissons en sauce et les fromages à pâte persillée.


« Le Château de Monbazillac et dans sa cave
 sa précieuse liqueur d’or du Périgord »


Monbazillac (poème)
Élégant et superbe en sa robe de pierre
Au sommet du coteau, prince des alentours
Majestueux et fier en ses nobles atours,
Le Château n’a connu ni combat, ni rapière.

Épargné dans le temps par tous les lance-pierre
L’équilibre et la grâce enveloppent les tours
Et le chemin de ronde en de simples contours
Rêve ou réalité charme notre paupière.

Girouette des toits, fenêtre à meneau
Du début renaissance, il en porte le sceau
Mais au-delà de l’art, de sa magnificence

Il abrite en caveau le secret d’un grand vin
Que tout homme de goût apprécie et encense
Et du Monbazillac, il reste le levain.
                                René GROSSOLEIL

Lors de mes nombreux pèlerinages de Maitre-Œnophile au Château de MONBAZILLAC, j’ai eu le grand honneur de rencontrer feu M. René GROSSOLEIL, ce fils de viticulteurs de  Rouffignac-de-Sigoulès. Amoureux du vin et des belles lettres. Président en 1975 de la Cave coopérative de  Monbazillac, et 1980 Grand Maitre du Consulat de la Vinée de Bergerac.

Nos sincères remerciements vont à :
Mme Marie-Pierre TAMAGNON, du contact Presse IVBD
et le magnifique livre cadeau « Les Vins de Bergerac » de Michel Delpon. Préface de  Gérard Depardieu ( Éditions Féret ).
M. Christophe GRAVIER  Directeur du Comité départemental du tourisme de la Dordogne.



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